Une interview radiophonique à l'Apostrophe.
Au premier abord, l'exercice paraît facile. Il suffit de répondre à des questions, a priori sur quelque chose que l'on connait bien. Et pourtant, cela peut représenter un obstacle pour celui qui découvre les particularités de cet outil de communication. Il ne s'agit plus d'être derrière son ordinateur et d'écrire une histoire. Il s'agit de trouver les mots en temps réel sans pouvoir en effacer aucun et en étant le plus expressif possible pour retenir l'attention d'un auditoire invisible dont on ne peut apprécier la réaction ! Quelques minutes de concentré de soi !
Ce qui pour moi a été très déstabilisant est d'une part cette prise de conscience de l'irréversibilité de l'oral et d'autre part le fait qu'à l'issue de l'interview, on obtiendra un outil différent des autres, une trace qui pourra cheminer sur des sentiers étrangers aux autres médias. L'enjeu est à la fois horrible et grisant !
Mon premier geste a été d'écouter la radio et de me dire: comment font-ils?
Le plus déterminant pour moi a été de supprimer la grande inconnue du trio interviewé/ intervieweur/récepteur: l'auditeur. Je me le suis représenté au travers de personnes que j'aime, à qui je peux me confier. J'ai également rapproché cette situation stressante d'autres situations orales bien connues.
Pour ce qui concerne le contenu proprement dit, je m'en suis fait une liste. Il s'agit d'anticiper les grandes lignes de ce que l'on veut dire et d'en noter les mots clés pour ne rien oublier le moment venu.
Pour ce qui est du débit de la voix et de son intonation, je me suis enregistrée. J'ai découvert une partie de moi que je n'avais jamais pensé à isoler: ma voix. J'ai pris le temps de la réguler.
Je me suis également notée quelques règles de savoir être à lire au dernier moment : être spontanée, calme, naturelle, sincère, aller à l'essentiel, articuler et être expressive, surtout bien écouter les questions et y répondre le plus objectivement possible.
Se faire interviewer, c'était un peu aller à l'abattoir, et le micro ressemblait à un instrument de dissection destiné à me faire sortir les vers du nez. En réalité, je me posais beaucoup trop de questions..... Finalement, tout réside dans une bonne dose d'amour: aimer ce que l'on fait, savoir pourquoi on le fait, être véritable, aller puiser au fond de soi l'authenticité, le naturel et la plus grande sincérité possible. Et surtout, au dernier moment, rester sûr de soi. On ne peut pas se tromper quand le cœur parle pour nous.
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